l semble que les fabricants de jouets se recentrent sur l’Europe
25.05.2023
Deux aspects méritent d’être soulignés:
- L’ère dorée gagnant-gagnant avec la Chine semble être entrée dans une nette phase de rafraîchissement. En parallèle, des thèmes comme «sous-traitance de proximité» et/ou «diversification» gagnent en pertinence pour rendre les chaînes d’approvisionnement plus résilientes et robustes. Une tendance qui correspond à ce que les économistes nomment depuis quelques temps le «découplage» et les politiques l’«atténuation des risques». Parmi les entreprises interrogées, 80% approuvent l’affirmation selon laquelle l’Occident doit réviser sa stratégie envers la Chine, ce qui représente une proportion inhabituellement élevée. Entrons-nous dans une phase de dé-mondialisation? L’économie s’est manifestement politisée.
- Récemment, l’instabilité et l’achat de certificats afin de contribuer à la protection du climat ont fait l’objet de critiques massives. Le concept EST vise aussi une évaluation de l’impact du commerce économique sur la protection de l’environnement et le respect des normes sociales et sociétales. Toutefois, près des deux tiers des entreprises interrogées estiment que le concept ESG est un «défouloir moderne» en l’absence de normes uniformes et contraignantes. Pour le secteur des jouets, les entreprises DACH accordent plus volontiers leur confiance aux incitations politiques et à l’économie du marché qu’à une industrie prolixe en labels.
C’est à bon escient que les partenaires de coopération de l’Association allemande de l’industrie du jouet (DVSI), le Toy Forum Austria (TFA) et l’Association suisse des jouets (ASJ) ont opté pour le thème «Toy Sourcing». Bien que les problèmes survenus dans les chaînes d’approvisionnement mondiales en raison de la pandémie aient été largement surmontés, on peut se demander si le changement d’époque n’a pas laissé des traces dans l’orientation des activités commerciales. Une chose est certaine: l’invasion russe de l’Ukraine et la montée en force des intérêts économiques et politiques nationaux a fait entrer l’ordre multilatéral basé sur des règles dans une nouvelle phase. La Chine mise systématiquement sur ses intérêts géoéconomiques dont l’exemple est la route de la soie.
Malgré quelques petites différence, l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse fonctionnent à l’unisson sur de nombreux points. Le contraire aurait été surprenant.
Différences nationales
Pour les fabricants de jouets participants, la simultanéité de différentes crises (pandémie, guerre en Ukraine, conflit à Taïwan, etc.) met à rude épreuve l’économie mondiale et le commerce global. Dans ce contexte, 80% des personnes interrogées approuvent l’affirmation selon laquelle l’Occident doit revoir d’un œil critique au vu des derniers développements sa stratégie face à la Chine. Elles sont 74% à être convaincues que les conflits géopolitiques et le changement climatique vont présenter une importance pour la stratégie et le quotidien des entreprises.
Le retour à l’espace économique européen représente une petite lueur d’espoir. Près de 59% des fabricants interrogés dans la région DACH sont à même d’envisager que l’UE, soit le plus grand marché intérieur du monde, puisse gagner en importance pour eux. L’enthousiasme est particulièrement grand parmi les entreprises affiliées à la DVSI et à l’ASJ (respectivement 60 et 57%), tandis que les membres de la TFA voient les perspectives de l’UE de manière un peu moins rose (45%).
Quant aux fournisseurs suisses de jouets, ils redoutent davantage les restrictions commerciales et les risques politiques (Chine).
Dans l’ensemble, les réponses des entreprises interrogées dans les pays respectifs sont relativement similaires, malgré quelques différences dans les détails. À titre d'exemple, les membres de la DVSI identifient plutôt d’importants risques en lien avec des modifications du cadre juridique, alors que ceux de la TFA se préoccupent assez fortement des fluctuations des taux de change et les membres de l’ASJ des restrictions inhérentes aux limitations commerciales, aux sanctions et aux droits de douane.
Sont considérée comme moins préoccupantes les conditions de production à l’étranger alors que 43% des fabricants interrogés ne s’y intéressent pas (DVSI 37%, TFA 73%, 58% SVS). Là aussi, 42% des participants à l’enquête estiment néanmoins les évolutions fortes à légèrement négative, dont en particulier les grandes entreprises au chiffre d’affaires annuel supérieur à 10 millions d’euros (59% de mentions négatives).
En différenciant les entreprises membres des diverses associations, on constate un degré de dépendance similaire dans les différents pays (DVSI 2,7/TFA 2,6/ASJ 2,4) et les entreprises suisses s’estiment un peu moins dépendantes de la Chine. Dans l’ensemble, la perception des risques spécifiques à la Chine des entreprises membres de l’ASE interrogées sont plus critiques que celles des membres de la DVSI pour toutes les dimensions. Les producteurs suisses considèrent nettement plus les risques politiques potentiels, dont le risque de guerres commerciales et de sanctions, alors que les producteurs autrichiens voient surtout au premier plan les risques en lien avec la chaîne d’approvisionnement.
La base de données
La représentativité compte beaucoup pour la pertinence d’une enquête.
Au sein des trois associations, les fabricants de jouets représentent dans leurs pays respectifs entre 30 et 80% du chiffre d’affaires de l’industrie nationale du jouet. En principe, il s’agit d’une bonne base dont découle une image pertinente de l’ensemble de la branche par le biais d’une enquête auprès des membres.
Au total, 262 entreprises membres des trois associations participantes ont été contactées pour l’enquête «Toy Sourcing». Durant la période de participation, du 19 au 28 avril 2023, 112 entreprises ont répondu à l’enquête, soit un taux de réponse de 43%.
La base de données est dans l’ensemble suffisamment importante pour obtenir des conclusions fiables quant à la situation et aux évolutions actuelles du secteur. L’analyse permet, en plus des déclarations spécifiques aux pays, de différencier par tailles d’entreprises. Ont participé à cette enquête, 13% des petits producteurs dont le chiffre d’affaires annuel peut aller jusqu’à 500 k€, 46% des producteurs de taille moyenne avec jusqu’à 10 millions d’euros, ainsi que 41% de grandes entreprises avec plus de 10 millions d’euros.
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